Grégoire Barou
Doctorant
Présentation de la thèse
La Normandie dans la Guerre de Neuf ans (1688-1697), sous la direction d'Olivier Chaline.
Cette recherche porte sur l’état de guerre à la fin du XVIIe siècle, qu'il s'agit d'examiner de façon intégrale par un croisement des sources qui mette en connexion les objectifs de l’État (la guerre projetée), les opérations qu’ils nécessitèrent (la guerre réalisée) et les expériences qui en résultèrent (la guerre vécue).
La révolution d’Angleterre à la fin de l’année 1688 transforme la nature de la guerre commencée sur le continent. Au printemps 1689, la ligue d’Augsbourg se mue en une « Grande Alliance » offensive qui menace Louis XIV sur toutes ses frontières. L’isolement diplomatique de la France oblige l’État à recourir à des moyens inédits pour porter les armées de terre et de mer à leur apogée. La coalition imprévue des puissances navales menace notamment d’invasion le royaume par la mer. La Normandie, très mal protégée, est la frontière la plus proche de Versailles, et elle compte la plus importante population protestante de la France du Nord. Elle offre donc un excellent point de vue pour étudier les enjeux de ce conflit dont la dimension maritime illustre l'intensification des conflits européens à l'époque moderne. La Manche est en effet le théâtre d’ambitions inédites mais aussi des indépassables limites de la capacité d’action des belligérants. La guerre dure et se prolonge en traversant la violente crise de 1693-1694 tandis que la permanence de la menace ennemie exacerbe les peurs sur les côtes. Il faut donc aussi poser la question de la réaction de la société et des capacités d’adaptation qui se manifestent dans un contexte d’extrême tension socio-économique. Cette guerre de Neuf ans que J. Lynn a qualifié « d’archétype du Roi-Soleil en armes » pourrait ainsi apparaître comme fondatrice dans la relation entre le roi et ses sujets.